Jeu de go : la victoire de l'esprit profond


François Lavallou

Le jeu de go est l'emblème du jeu de réflexion pure. Le hasard n'y a pas sa place. Chasse gardée de l'intelligence humaine jusqu'à une époque fort récente, l'ordinateur a fini par y étendre sa supériorité stratégique, vingt ans après sa victoire aux échecs.

Au XVIIIe siècle, le polymathe hongrois Farkas Kempelen a conçu un automate joueur d’échecs qui eut un succès considérable dans toute l’Europe. Il s’agissait certes d’une supercherie, révélée seulement en 1834, mais qui suggérait pour la première fois l’idée d’utiliser un jeu pour tester une intelligence artificielle.
Depuis la supercherie de Kempelen, les échecs ont été le jeu de réflexion pure le plus étudié. Après une défaite en 1996, l’ordinateur Deep Blue, en référence à IBM (surnommé Big Blue), l’a emporté en 1997 sur le champion du monde de l’époque, Garry Kasparov. Les développeurs de l’IA ont alors orienté leurs efforts vers un jeu plus complexe, le go. On estime que le nombre possible de positions pour le go est de l’ordre de 10172, contre « seulement » 1043 pour les échecs.

 

Un jeu de territoires



Pour un tel jeu, deux niveaux d’analyse semblent devoir coexister : le local (ou tactique) et le global (ou stratégique). Si, pour les échecs, un inventaire des pièces et une analyse de leur position suffisent pour avoir une idée de qui mène la partie, il en va autrement pour un jeu de territoires comme le go. Pour savoir qui mène la partie, ... Lire la suite gratuitement