Des modèles mathématiques développés par le mathématicien Albert Ammerman et le généticien Luca Cavalli-Sforza, alliant la génétique humaine et l'archéologie, ont permis de remettre en cause le mode d'expansion des populations et le mythe des grandes invasions.

L'archéologie utilise de nombreuses procédures numériques qui s’appuient sur des mathématiques : photogrammétrie, recherche de régularités numériques (ou, au contraire, preuve qu’elles sont illusoires). Mais, dans un autre domaine, les mathématiques servent à construire des modèles logiques pour tester des raisonnements. Cela a été particulièrement le cas pour l’archéologie et la paléontologie du peuplement, où le modèle de la « vague d’avancée » a acquis un grand renom.

 

Invasions et sédentaires

Pendant longtemps le peuplement du monde a été décrit comme une suite d’invasions. Les différentes cultures que distinguent les paléontologues étaient expliquées par des invasions et des remplacements de populations. En Eurasie, c’étaient celles venues des steppes de l’Est, puis à la fin de l’empire romain, celles des Germains et des peuples du Nord, puis les Huns d’Attila et les Mongols de Gengis Khan et de Tamerlan. De même, les Européens ont envahi l’Amérique à partir du XVe siècle. Encore aujourd’hui, certains craignent un « grand remplacement ». Ces mouvements brutaux de population étaient expliqués par la supériorité militaire des envahisseurs, par exemple par l’invention de l’étrier par les Mongols ou par celle des armes à feu pour les conquistadors.

La « théorie des invasions » se heurtait cependant à plusieurs obstacles. Les populations les plus anciennes étaient sédentaires. Les chasseurs ... Lire la suite


références

L'énigme indoeuropéenne. Colin Renfrew, Flammarion, 1990.
Évolution agraire et pression démographique. Ester Boserup, Flammarion, 1970.
L'archéologie des migrations. Sous la direction de Dominique Garcia et Hervé Le Bras, La Découverte, 2017.