Aux origines de la connaissance occidentale

G. Cohen



Le Savoir grec

J. Brunschwig, G. Lloyd, P. Pellegrin
flammarion
2011
1250 pages
29 €

 À l’heure où la recherche de l’identité, qu’elle soit nationale, religieuse ou simplement géographique, donne lieu à des débats parfois peu reluisants, le Savoir grec remet les pendules à l’heure : le véritable héritage, celui dont nous devrions nous enorgueillir,c’est celui de la capacité de l’homme à connaître, dont la Grèce antique fut l’incontestable berceau.

Quel étonnement, voire quel émerveillement de constater que la capacité humaine à raisonner il y a vingt-cinq siècles n’avait rien à envier aux performances de l’esprit humain contemporain. Mais avec quel mérite ! Celui de partir de zéro, et de mettre en place de A à Z (ou plutôt de  à ) les conditions d’accès à la connaissance.
Le livre est conçu comme un ouvrage de la Bibliothèque Tangente : quatre grandes partie (volontairement disproportionnées) et, dans chacune, des articles indépendants rédigés par de grands spécialistes des questions traitées. L’angle est avant tout historique, les contenus scientifiques à proprement parler n’étant qu’évoqués, quelquefois avec une précision insuffisante pour le public non averti, mais on ne peut en vouloir aux auteurs : le livre compte déjà 1 250 pages ! La lecture n’en demeure pas moins passionnante et conforte les regrets exprimés par les auteurs du « naufrage des études classiques ».
L’émergence du savoir grec est aussi celle de la philosophie. C’est son avènement, évidemment en relation avec la mythologie et la relation de l’homme et de son environnement, qui constituent le prélude.
Mais de la philosophie à la politique, il n’y a qu’un pas : la politique n’est-elle pas l’intrusion dans la façon de penser de son prochain ?
Tout cela n’est évidemment qu’un hors-d’oeuvre (de 250 pages, quand même), qui mène au savoir, le véritable héros de cet ouvrage. Voir éclore l’idée de science est tout à fait passionnant. On visite les lieux de conception puis d’essaimage, voire de prolifération de la connaissance, en étant surpris de la diversité des disciplines déjà couvertes. On parcourt les chemins qu’elle a empruntés pour parvenir jusqu’à nous. Sur le plan des mathématiques, on découvre l’avènement de la démonstration : rien de naturel ! Tout comme la logique, dont la découverte réserve bien des émerveillements.
Le tableau serait incomplet sans les hommes et les courants qu’ils ont portés, qui sont au centre de la dernière partie de l’ouvrage. On regrettera peutêtre l’ordre alphabétique choisi pour les évoquer.
Ainsi, d’Aristote à Zénon, en passant par Platon, Pythagore et, naturellement, Archimède, près de quarante entrées peaufinent notre érudition. Une érudition que nous préconisons à tous nos lecteurs !



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