Les amateurs de Voltaire connaissent peut-être l’album Voltaire amoureux (Les Arènes, 2017), signé Clément Oubrerie, le dessinateur à qui l’on doit aussi les aventures d’Aya de Yopougon. L’auteur y adaptait librement la vie du célèbre philosophe dans un album au ton savoureux. Il revient ici avec un deuxième tome principalement consacré à la naissance de la relation entretenue par la figure marquante des Lumières avec la marquise du Châtelet.
C’est bien elle, la jeune Émilie du Châtelet, la véritable héroïne de cet opus (qui peut se lire indépendamment du précédent). Clément Oubrerie lui prête des traits irrésistibles et on comprend bien pourquoi Voltaire ne pouvait que succomber aux charmes de cette jeune scientifique, fine intellectuelle, traductrice en français des Principia Mathematica de Newton, mathématicienne éclairée, à l’esprit vif, alerte et extravagant, et affranchie de tout carcan. Les amateurs d’histoire des sciences découvriront également au fil des pages une onirique dispute philosophique opposant Descartes à Newton (et dont Émilie se fait l’arbitre), ou encore comment les probabilités ont fait la fortune de Voltaire grâce aux conseils de La Condamine.
La lecture de cet album est aussi un régal pour les yeux. Plusieurs doubles-pages sans texte au graphisme audacieux, où courbes féminines et géométriques se confondent, et des scènes de nuit sur fond noir dans les rues de Paris viennent rythmer l’ensemble du récit.