La décision collective au crible des mathématiques


Antoine Houlou-Garcia

Le classique théorème d'impossibilité d'Arrow a souvent été repris en théorie politique pour montrer l'irrationalité de la démocratie. Mais est-il bien pertinent d'appliquer ce résultat à la science politique ? De même, revisitons certains arguments mathématiques invoqués par la théorie épistémique de la démocratie.


Interview


Dans quel domaine de recherche votre thèse s’inscrit-elle ?

La thèse s’intitule la Décision collective à l’épreuve du calcul : les limites des mathématisations de la démocratie, elle est encadrée par Philippe Urfalino, directeur d’études à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et directeur de recherche au CNRS. Le sujet, qui s’inscrit dans les sciences politiques, s’est construit avec le temps : lors de mon master, je souhaitais travailler sur les liens entre mathématiques et politique, notamment autour de Condorcet. Philippe Urfalino m’a alors proposé de travailler sur le théorème du jury de Condorcet. Par la suite, en examinant lentement diverses modélisations, je me suis peu à peu concentré sur les travaux de Hong et Page liés à la diversité épistémique, puis à la théorie du choix social. Enfin, certaines réponses aux problématiques soulevées par ces modélisations sont apparues comme étant liées à la philosophie de l’action. C’est donc un long cheminement !

Pourquoi avez-vous choisi ce sujet ?

Alors que je travaillais à l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), j’avais publié un petit essai sur les liens entre les mathématiques et les sciences humaines. Je me suis bien vite ... Lire la suite gratuitement


références

• La rationalité de l'action politique face au calcul. Antoine Houlou-Garcia, Tangente 198, 2021.
•  Le théorème d'hypocrite. Antoine Houlou-Garcia et Thierry Maugenest, Albin Michel, 2020.