L'utilisation des structures formelles, en particulier des groupes, est l'un des centres d'intérêt des plus présents dans la littérature à contrainte issue de l'Ouvroir de littérature potentielle (Oulipo), mouvement littéraire créé par Raymond Queneau et François le Lionnais en 1960.

Les structures formelles ou abstraites, comme les groupes en algèbre, jouissent de propriétés innombrables et merveilleuses qui inspirent depuis des décennies les amateurs de littérature à contrainte. Les membres de l’Oulipo ont puisé sans réserve dans cette veine, où ils ont trouvé une source d’inspiration qui semble, aujourd’hui encore, intarissable.

 

Les permutations à l’honneur

 

Prenez les douze éléments du groupe A4, le groupe alterné sur quatre objets (voir en bref « Quelques exemples de groupes »). On peut construire le texte suivant à partir des quatre éléments « l’amour », « voit », « tout », « rose » et des douze permutations du groupe alterné A4 :

 

L’amour voit tout rose

Tout l’amour voit rose,

L’amour tout rose voit,

L’amour rose voit tout,

Rose l’amour tout voit,

Tout rose l’amour voit,

Rose voit l’amour tout,

Rose tout voit l’amour,

Tout voit rose l’amour,

Voit l’amour rose tout,

Voit tout l’amour rose,

Voit rose tout l’amour.

 

Du point de vue littéraire, cette démarche, seule, ne mène évidemment pas loin. De façon plus probante, l’oulipien Italo Calvino décrit dans Comment j’ai écrit un de mes livres (fascicule 20 de La bibliothèque oulipienne, 1982, réédité en 1987 par Ramsay puis en 1990 par Seghers) comment il a été conduit à l’écriture des chapitres de son livre Si par ... Lire la suite


références

La princesse Hoppy ou le conte du Labrador. Jacques Roubaud, Absalon, 2008.

Mathématiques et littérature. Bibliothèque Tangente 28, 2007.