Mathador, des nombres en jeu


Éric Trouillot

Mathador (Réseau Canopé, L2D), inspiré des célèbres jeux télévisés « Des chiffres et des lettres » et « Le compte est bon », a été créé en 1999.

La belle histoire d’un jeu arithmétique

Un article paru dans le numéro 71 de Tangente annonce d’ailleurs la sortie de ce jeu de plateau où les joueurs (entre deux et quatre) doivent résoudre à tour de rôle en moins d’une minute des énigmes calculatoires liées à la case sur laquelle ils sont tombés. Cela consiste à répondre à un petit problème figurant sur une carte ou, quand la case contient des signes opératoires, à atteindre un « nombre cible » déterminé par le lancer de deux dés rouges dont les dix faces sont des chiffres (la cible est donc entre 0 et 99) en combinant des nombres obtenus par le lancement de cinq dés en forme de polyèdres réguliers. C’est d’ailleurs la découverte des cinq solides de Platon en dés lors d’une partie de Donjon et Dragon (Tactical Studies Rules, 1974) qui a donné l’idée initiale de Mathador à son créateur…

Depuis cette première édition, les versions de sont succédé : en 2003, une version Junior (Réseau Canopé, L2D), en 2006 une version Kid (Réseau Canopé, L2D) avec des dés de grande taille, en 2010 la version Mathador Flash (une petite boîte métallique contenant les dés avec une règle de jeu adaptée à la classe, Réseau Canopé), en 2014 et 2015 les premières versions numériques, dont Mathador Chrono et Mathador Solo (Réseau Canopé), toujours d’actualité, jouables en ligne sur le site mathador.fr et en applis pour tablettes, smartphones et tous supports.

 

 

Plateau et numérique : deux versions récentes complémentaires

2019 : pour ses 20 ans, Mathador a décidé de changer de look. La nouvelle boîte engage un vrai virage, avec une petite révolution du plateau de jeu, qui fait apparaître de nouvelles cases permettant une plus grande diversité, le déplacement se faisant de façon aléatoire avec un autre dé. Les fondamentaux ne changent pas, mais les deux cent vingt énigmes sont nouvelles et le plateau propose différents types de défis calculatoires. Outre atteindre le nombre-cible le plus rapidement possible, ce peut être aussi trouver le plus de solutions différentes pour arriver à la cible ou gagner le plus de points possibles en fabriquant le nombre-cible. Un clin d’œil à la version Mathador Flash dans laquelle chaque opération rapporte des points : addition 1, multiplication 1, soustraction 2 et division 3. On ne divise pas pour le plaisir mais pour trois points !

Parallèlement à cette nouvelle boîte, l’utilisation de la version numérique explose. Dans le même temps où il faut sortir les dés, les lancer, lire les nombres, les écrire et commencer à chercher, avec la version numérique Mathador Chrono, le joueur a déjà jonglé avec quatre ou cinq tirages différents, grâce à quelques clics de souris. Autre force, le nécessaire et indispensable travail de gamme devient un jeu (il était un peu passé à la trappe pour les dernières générations). De « rébarbatif », « répétitif » change de rime et devient « attractif » ! Combinatoire + Aléatoire = Jubilatoire.

 

Un outil pédagogique, aussi

La pratique ludique des maths à l’école primaire et au collège se développe. Mathador en fait partie. Cette aventure pragmatique est progressivement devenue, avec la version Flash, un outil pédagogique de calcul mental.

Réseau Canopé, qui diffuse les jeux Mathador, le mesure clairement par les contacts et les retours des classes. Année après année, le jeu gagne du terrain. Désormais, il n’est plus très loin d’obtenir la reconnaissance d’un outil pédagogique à part entière.

Sous forme d’ateliers jeux collectifs ou de défis individuels, l’école primaire a pris une longueur d’avance sur le secondaire. En effet, depuis vingt ans, la montée en puissance de la place du jeu à l’école se fait en parallèle de celle du calcul mental, à la fois dans les programmes, depuis 2002, mais aussi dans les pratiques. Le nombre de classes qui utilisent des jeux tels que Mathador en rituel quotidien est en constante augmentation. D’ailleurs, cette pratique est très certainement le meilleur antidote au caractère anxiogène encore évoqué dans l’apprentissage des maths. Mais pour que la culture du jeu de nombres devienne l’égal de la culture du jeu de lettres, il y a encore du chemin à faire !

 

Éric Trouillot est le créateur du jeu Mathador.