Dessiner la Terre, une longue histoire


Élisabeth Busser

Comprendre la forme de la planète sur laquelle nous vivons, puis la représenter, est une aventure qui dure depuis la plus haute Antiquité. À chaque étape, le modèle a été perfectionné, amélioré et s’est approché de celui dont nous disposons désormais : le géoïde.

Philosophes et mathématiciens se sont dès le VIe siècle avant notre ère posé la question de la forme de la Terre. Leurs réponses ont évolué au cours des siècles et avec elles, les progrès des techniques géométriques aidant, sont nées des représentations différentes de notre planète.

 

Des premières formes imaginaires

Dans les civilisations antiques (Égypte, Babylone, Perse, Grèce archaïque, Inde, Chine), on trouve des formes imaginaires de la Terre : plate (rectangulaire ou carrée, parfois circulaire), elle flotte sur les eaux, sous un ciel hémisphérique. C’est au Ve siècle avant notre ère qu’apparaît une nouvelle conception de la forme de notre planète, fondée sur les observations astronomiques et sur la géométrie.

Le mathématicien grec Thalès (vers ‒625 ; vers ‒546) imagine que la Terre est un disque flottant sur une étendue d’eau, l’univers étant une bulle d’air par-dessus tout cela. Environ à la même période, Anaximandre de Milet (vers ‒610 ; vers ‒546) vient contredire cette théorie : non, la Terre n’est pas plate, elle est comme un cylindre qui flotte dans l’espace et notre monde habitable en est, entourée d’eau, la face supérieure. Un siècle plus tard, Pythagore – qui n’est pas célèbre que pour « son » fameux théorème ‒ affirme pour la première fois que la ... Lire la suite