Il y avait une fois fort longtemps dans les faubourgs de Badgag un jeune enfant dont la malice rivalisait avec l’espièglerie : il ne connaissait pas cette raillerie moqueuse ou cruelle dont jouent avec une certaine perversité les jeunes enfants, et les piques et les flèches ne pouvaient l’atteindre non plus.
Assurément, et bien qu’il ne fût pas exclu du monde du jeu, son cœur était pur ; son cœur avait la pureté de la lumière.
Son cœur était pur et grande était sa curiosité du monde. Il ouvrait toujours profonds les yeux, prêts qu’ils étaient à découvrir quelque chose de neuf, et c’est pourquoi ses compagnons de jeu l’avaient surnommé Nordine au regard perçant, et certains rajoutaient : Perçant jusques au fond du cœur.
Or Nordine était un enfant des plus heureux jusqu’à ce jour fatidique où commence le récit. Oui, ce jour-là, Nordine se trouve chez son oncle Jaffar à qui il rend visite une fois par semaine pour apprendre la morale. Ils sont tous les deux installés dans le jardin, à l’ombre d’un tamaris léger qui ondule ses longues branches soyeuses aux grappes rose clair au-dessus de leurs têtes, et Nordine écoute avec sérieux et attention les leçons avunculaires. Un drôle d’oncle à dire ...
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