Le solitaire sur une ligne


Yves Dutrieux & Hervé Gianella

Les jeux en solitaire sont-ils des jeux de société ? Quelle que soit la réponse que l’on donne à cette question, on peut constater dans cet article et dans le suivant que leur approche mathématique n’a rien à envier à celle des jeux à plusieurs.

Le jeu du solitaire est bien connu : déjà pratiqué à l’époque romaine, il s’est répandu en France à partir du XVIe siècle et il est toujours commercialisé de nos jours. Si les plateaux usuels sont en forme de croix, cet article se contentera de la version du jeu à une dimension, sur un plateau de n cases numérotées de 0 à n ‒ 1.

À chaque tour, un pion, comme au jeu de dames, peut prendre l’un de ses voisins si la case suivante est vide. Voici un exemple de prise où le pion 4 prend le pion 3 en allant vers la case 2.

 

Au départ, le plateau est entièrement rempli et on peut retirer le pion de son choix pour commencer à jouer. Il faut ensuite enchaîner les prises pour terminer avec un seul pion sur le plateau. Est-il possible de gagner ? Si oui, comment ? 

 

Commençons par regarder les petites valeurs de n. Pour n = 3, on peut gagner en supprimant le pion à l’une des extrémités, alors qu’en retirant le pion central, on est bloqué.

 

 

Pour n = 4, ôter l’avant-dernier pion (le numéro 2) permet d’enchaîner les ... Lire la suite


références

• Jeux, casse-têtes et mathématiques. Yves Dutrieux et Hervé Gianella, Cassini, 2022.
• Jeux mathématiques. Bibliothèque Tangente 20, POLE, 2004.
• Moore et Eppstein, Dimensional Peg Solitaire, and Duotaire, disponible en ligne.