La rhétorique du clair-obscur


Rémy Romain

La dialectique pascalienne consiste à identifier les paradoxes et les contradictions dans le discours de l’autre. Pascal va donc déstabiliser son lecteur, lui faire percevoir à quel point là où il croyait connaître, il ne sait rien. L’antithèse est l’une de ses armes de prédilection.

Dans la biographie qu’elle consacre à son frère, Gilberte Périer décrit la singularité de la rhétorique pascalienne : « Il avait une éloquence naturelle qui lui donnait une facilité merveilleuse à dire tout ce qu’il voulait ; mais il avait ajouté à cela des règles dont on ne s’était point encore avisé, et dont il se servait si avantageusement qu’il était maître de son style ; en sorte que non seulement il disait tout ce qu’il voulait, mais il le disait en la manière qu’il voulait, et son discours faisait l’effet qu’il s’était proposé. » La pensée du philosophe se nourrit d’une multitude d’influences et d’une connaissance particulièrement aiguë de la rhétorique classique. Son art de la persuasion mêle la rigueur mathématique à la souplesse de l’éloquence. Les tendances méthodologiques varient selon les matières à traiter.

 

 

Convaincre ou persuader

 

L’art de persuader est pour Pascal moins noble que l’art de convaincre, puisque le premier ne s’adresse pas à la raison mais fait appel au plaisir de l’auditeur. Partant, il est aussi plus difficile puisque les goûts sont aussi variés que les hommes et que persuader c’est avant tout plaire, toucher en chacun ce qui lui fera accepter ce qui lui est proposé. Le plaisir est, selon Pascal, ... Lire la suite