Voici un livre d’un académicien « destiné à Monsieur et Madame Tout-le-Monde ». Étienne Ghys nous invite à un texte volontairement désordonné, organisé par petites touches quasi « impressionnistes », comme il le dit lui-même, pour nous emmener dans une galerie personnelle de mathématiques exposées à la manière d’un Montaigne qui gambade et laisse libre cours à ses pensées. Pris par la main, on s’y promène, on apprend, on comprend, on redécouvre, on apprécie ce qu’on savait et ce qu’on ne savait pas. La lecture en est d’autant plus agréable que l’auteur y mélange souvenirs personnels ou anecdotes historiques (avec de nombreuses illustrations en couleur) et aspects mathématiques. Un dialogue s’y crée entre notre humanité et les mathématiques car le dialogue est permanent entre l’auteur et son lecteur. Ou plutôt : sa lectrice. Car dans la préface, Étienne Ghys rappelle qu’on a trop longtemps écrit pour des hommes et qu’on devrait parfois s’adresser à une lectrice plutôt qu’à un lecteur.
On y trouve des choses amusantes et passionnantes comme un sondage sur le nombre préféré, la graphie manuscrite des nombres en fonction des pays, des réflexions sur les mots des mathématiques, notre rapport sensoriel aux nombres, des aspects liées au cerveau, à la magie. Mais aussi des notions plus complexes comme les nombres p-adiques, des questions d’algèbre… Partout dans ce livre, on baigne dans les mathématiques sans compliquer les choses : Étienne Ghys rend tout intuitif et fascinant parce qu’il nous raconte de belles histoires qui racontent les mathématiques.
