La Journée des ancêtres du 1er-Onzembre offre aux étudiants de l’Institut intergalactique l’occasion de passer du temps en famille, pour commémorer les disparus en se racontant les histoires de ces hommes et de ces femmes qui ont fait l’Histoire. Pour Bêta Askilman, cette journée réserve une surprise particulière : un peu ému, son père lui remet une lettre écrite de la main de son propre grand-père, Papy Askilman, connu pour avoir été un histo-explorateur téméraire ayant multiplié les expéditions sur la Vieille Terre à la recherche d’artefacts historiques comme des poteries de l’Antiquité romaine, des fours à micro-ondes et des Z-Phone MMMLII. Dans cette lettre, Papy Askilman invite son arrière-petit-fils à se rendre lui-même sur la Terre de ses ancêtres, afin d’y retrouver un trésor inestimable qu’il y a dissimulé à son intention.
Un cadenas à sept chiffres
Cela fait déjà plusieurs siècles que la Vieille Terre est devenue un musée planétaire, débarrassée de sa radioactivité meurtrière et largement rendue à une faune prospère et une flore luxuriante, quelques espaces parsemés de bâtiments bioclimatiques étant soigneusement entretenus par des androïdes afin d’accueillir étudiants et chercheurs lors de leurs activités académiques. Une autorisation spéciale est nécessaire pour visiter les zones en dehors de ces périmètres, afin qu’un équilibre écologique que l’on sait fragile reste préservé. L’enveloppe de Papy Askilman contient précisément quatre laissez-passer pour plusieurs coordonnées géographiques – ce qui est en soi un véritable trésor. La première destination est connue, les suivantes ne devant se dévoiler qu’au fur et à mesure du voyage.
Accompagné de son père et de ses camarades Alpha et Epsilon, sans lesquels il n’envisageait pas un tel périple, Bêta découvre tour à tour les parois brossées d’orange et de mauve de l’Antelope Canyon, les cascades géantes d’Iguazu, les eaux turquoise et tourbillonnantes de Wadi Arugot, les oliviers survolés de balbuzards et de souimangas de Battir, le lac bleu-vert bordé de conifères majestueux de Synevyr, les paysages glacés des Monts Saïan et ses ursidés curieux…
C’est au fond du gouffre de Padirac, dans ce qui s’était autrefois appelé la France avant la disparition de la notion mortifère de nation, que le petit groupe exhume ce qui semble être le but final de cette chasse éblouissante : un coffret métallique protégé par un cadenas à sept chiffres.
« Et moi qui me disais qu’on allait enfin avoir droit à une aventure sans énigme mathémagique à résoudre, soupire Bêta en levant les yeux au ciel.
‒ Que pensez-vous que contienne ce coffre ? demande Alpha, intrigué. Papy Askilman parlait d’un trésor inestimable…
‒ Un Dracaufeu Topsun Scarce Blue Back imprimé en 1995 ? essaye de deviner Bêta. Ou un rouleau de papier toilette de mars 2020 ?
‒ Une copie originale du traité de Paix universelle ? propose son père avec un sens plus aigu de l’importance des choses.
‒ Le plus simple est encore de résoudre l’énigme qui permet d’ouvrir le cadenas, propose Epsilon, pragmatique. Regardez ce qui est gravé sur le coffret. »
Et vous, cher lecteur, sauriez-vous trouver le code qui permet d’ouvrir le cadenas ? Et avez-vous une idée de ce que pourrait bien contenir le coffre ?