«Onze-un, onze-deux, onze-trois, annonce l’arbitre au terme du match de star squash qui a vu s’opposer Alpha et Bêta au premier tour d’un tournoi universitaire organisé par l’Institut intergalactique. Alpha Faraway se qualifie pour le deuxième round ! »
Les deux jeunes hommes quittent le court sous les applaudissements de quelques camarades qui ont fait le déplacement et se retrouvent au vestiaire pour se changer.
« Je suis nul, affirme Bêta sur un ton péremptoire et essoufflé.
‒ Mais non, tempère Alpha, qui ne semble même pas avoir transpiré. Tu as un bon sens tactique et une vision du jeu intéressante. Mais tu manques de préparation physique. »
Bêta pousse un soupir en considérant les atouts musculaires un peu trop saillants de son ami. « On ne joue pas dans la même cour, grogne-t-il sans pouvoir réprimer une pointe d’envie.
‒ Il n’y a pas de fatalité ! La clé, comme toujours, c’est l’entraînement. Avec de la constance et de la motivation, on progresse rapidement. Ça te dirait, d’ailleurs, de venir courir avec moi demain matin ? Un petit footing pas trop long, histoire de se mettre en forme. Je pourrais te retrouver en bas de ton bâtiment et on ferait le trajet jusqu’au mien, c’est un parcours facile et sans accident, idéal pour travailler sa régularité. Et si ça se passe bien, on pourra peaufiner la vitesse et le cardio en passant sur du fractionné… »
Bêta réfléchit à la proposition. « Sur le principe, oui, ça me dit bien. Mais je vais aller beaucoup moins vite que toi, tu risques de ne pas t’y retrouver si tu es obligé de te caler sur mon rythme… Et si on commence ensemble et que je te vois partir au loin, ça va me démotiver, je me connais ! »
Alpha suggère alors : « On n’a qu’à partir chacun de notre dortoir, au même moment, et en restant en contact via nos communicateurs pour s’encourager. Le but sera de rejoindre le bâtiment de l’autre, en courant chacun à notre vitesse, qu’on essayera de garder constante. On se tapera dans la main quand on se croisera sur le parcours et chacun finira sa course en gardant son allure. On pourra ensuite se donner rendez-vous quelque part à mi-chemin pour aller prendre un bon petit-déjeuner.
‒ Je suis sûr qu’Epsilon sera ravie de nous accueillir, sourit Bêta. Si on emmène les X100 et qu’on a pris notre douche avant, bien entendu ! »
Peaufiner en passant sur du fractionné
Le débrief a lieu comme prévu dans la résidence où loge Epsilon, devant des X100 et des verres de jus d’O.
« Tout s’est passé comme prévu ? demande la jeune fille.
‒ Presque ! répond Alpha. On est partis tous les deux en même temps de nos bâtiments respectifs mais nos communicateurs ont eu des ratés…
‒ On a perdu toutes nos stats, grogne Bêta. Je sais seulement qu’il était 7 h 10 quand on s’est croisés, et que je suis arrivé à la résidence d’Alpha à 7 h 19.
‒ Il était 7 h 14 quand je suis arrivé chez Bêta. On a malgré tout réussi à garder des allures à peu près constantes, même si on ne sait pas exactement à quelle vitesse on a couru.
‒ J’aurais quand même aimé savoir combien de temps a duré ma course, histoire de pouvoir mesurer ma progression… soupire encore Bêta. Fichus communicateurs !
‒ Pas d’inquiétude ! C’est une question à laquelle on peut répondre avec les informations que vous avez, sourit Epsilon. Et comme ça, vous allez pouvoir passer au fractionné ! »
Et vous, cher lecteur, sauriez-vous calculer pendant combien de temps Alpha et Bêta ont couru ?