Rosalie Hadley, chercheuse néo-zélandaise et autrice d’une thèse de doctorat sur les sangaku, nous parle de cette étonnante tradition.
Tangente : On dit souvent que les sangaku mêlent mathématiques, art et religion... Pouvez-vous nous expliquer pourquoi ?
Rosalie Hadley : Les sangaku (littéralement : « tablettes mathématiques ») sont des tablettes en bois apparues durant l’époque d’Edo et exposées dans des sanctuaires shintôs et des temples bouddhistes. On y trouve des problèmes de géométrie, accompagnés de figures aux couleurs vives.

Tablette exposée en 1859 dans le sanctuaire Konno Hachimangu à Tokyo.
Leur fonction mathématique est évidente. Les problèmes qu’on y trouve relèvent de géométrie élémentaire autant que de théorèmes complexes. On y rencontre par exemple des configurations équivalentes aux cercles de Malfatti (dus à Gian Francesco Malfatti, 1731-1807) ou aux hexlets de Soddy (du nom de Frederick Soddy, 1877-1956), bien avant leur apparition dans les mathématiques européennes.
Mais ces tablettes ont aussi une dimension artistique : elles reprennent les codes des ema et des oema, tablettes votives contenant des prières ou des vœux, utilisées dans les pratiques religieuses japonaises (dans le shintoïsme).
Enfin, l’aspect religieux, plus énigmatique, ne peut être ignoré : si certains historiens soutiennent que leur présence dans les lieux sacrés répond simplement ... Lire la suite
