Jeux de ficelles


Jean-Jacques Dupas



De la théorie des nœuds aux jeux de ficelle, il n’y a qu’un pas… topologique, géométrique et, surtout, récréatif !

On pratique les jeux de ficelles depuis des temps immémoriaux dans de nombreuses communautés : océanienne, inuit, amérindienne, sud-américaine, aborigène, africaine, asiatique… On a besoin d’une ficelle (!), longue d’un à deux mètres, dont les extrémités sont nouées pour se présenter sous la forme d’une boucle. On effectue alors une succession d’opérations qui débouchent sur une figure finale. Le jeu de l’élastique de nos cours de récréation relève de cette activité.

 

 

Une activité mathématique

 

Le premier mathématicien à s’intéresser au sujet semble avoir été le Britannique William Walter Rouse Ball (1850–1925). C’est l’auteur de Mathematical Recreations and Essays (Macmillan & Co, 1892). À partir de la cinquième édition (en 1911), Ball, qui ne s’intéresse pas à l’anthropologie ou à l’ethnographie, introduit un chapitre sur les jeux de ficelles. Ce chapitre va donner naissance à un ouvrage indépendant, An Introduction to String Figures (W. Heffer and Sons Ltd, 1920). Les éditions Dover le republieront avec des suppléments en 1971 sous le titre Fun with String Figures.

 

Il est temps maintenant de faire apparaître un carré, activité qui nous permettra de comprendre la diversité des procédures mises en œuvre (prise des fils, prises par l’arrière, accrochage, lâchés de boucles, déplacement de boucles). La position de départ est constituée de la ficelle accrochée sur les deux pouces et les deux auriculaires. Cette figure est complètement symétrique et tout ce qui est réalisé de la main droite sera également reproduit par la main gauche.

 

 

 

 

L’index de la main droite prend le fil au niveau de la paume de la main gauche. Symétriquement, l’index de la main gauche prend le fil au niveau de la paume de la main droite.

 

 

 

 

 

 

Les pouces prennent les fils (marqués des flèches vertes sur la figure précédente) des index. Puis ils prennent les fils des pouces.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les pouces lâchent leurs fils. Ils agrippent les fils du dessous des index (marqués des flèches vertes).

 

 

 

 

 

 

Puis le pouce ramène le fil de l’auriculaire (marqué d’une flèche verte sur la figure précédente). Les auriculaires lâchent leurs fils. Déplacer les boucles du dessus des index sur les auriculaires en retournant les boucles, lâcher les fils des index. On obtient la figure finale.

 

 

 

 

 

 

 

 

SOURCES

Les jeux de ficelle : une activité mathématique dans certaines sociétés traditionnelles. Éric Vandendriessche, Revue d’histoire des mathématiques 13 (2), 2007.
String figures as mathematics? An anthropological approach to string figure-making in oral tradition societies. Éric Vandendriessche, Springer, 2015.