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Les petites manies de Bobot

Kylie Ravera




L’Institut intergalactique est le temple de l’excellence, où exerce le redouté professeur Phi. Les élèves s’interrogent sur le mode de programmation du robot en charge du nettoyage.

« À droite ! À droite !

‒ Non, à gauche, cette fois ! »

D’aucuns verraient dans ces exclamations qui fusent dans une salle de classe de l’Institut intergalactique la preuve que, même avec un fond studieux, toute jeunesse se doit d’être dissipée avant qu’elle ne passe. Et ils auraient bien raison.

L’objet de ces encouragements, quant à lui, les ignore dans une indifférence toute robotique et finit par ranger la serpillère dont il vient de faire usage dans le placard du coin droit de la pièce. Des exclamations ravies ou déçues accompagnent cette décision de Bobot, le robot en charge du nettoyage quotidien des salles de classe, et quelques bonbeks changent de main pour refléter les paris gagnés et perdus.

Bobot, lui, rejoint la salle suivante pour poursuivre son œuvre en toute sérénité.

« J’aimerais quand même savoir pourquoi il arrive que ce robot ne range pas la serpillère de chaque salle toujours dans le même placard, soupire Bêta, qui s’est une nouvelle fois fait délester de ses bonbeks. Je veux dire, c’est un robot, quoi, qu’est-ce qui peut le pousser à changer parfois de comportement ?

‒ C’est lié à sa programmation par le technicien de surface » répond sa camarade Epsilon.

Bêta plisse les yeux.

« Tu as l’air bien renseignée sur le sujet…

‒ C’est pour ça que je ne parie pas » réplique la jeune fille avec un clin d’œil.

Bêta la supplie : « Mets-moi au parfum, s’il te plaît ! »

 

 

Bobot, le petit robot

 

Epsilon réfléchit un instant. « Je n’ai pas envie de t’aider à tricher, dit-elle finalement, mais je veux bien te mettre sur la voie, à condition que tu promettes de n’utiliser ces informations que pour un dernier pari.

‒ Juré ! lance Bêta. C’est la quête de la connaissance qui m’anime avant tout, tu sais bien… »

Epsilon n’est pas dupe mais elle baisse tout de même la voix pour révéler à Bêta le mode de programmation de Bobot. « Bobot applique son programme chaque nuit sur les cent salles dont il a la charge. À sa mise en service, les serpillères de chaque salle étaient rangées dans le placard de droite. Après les avoir utilisées le premier jour, il les a toutes rangées dans les placards de gauche. Le jour suivant, il a rangé les serpillères des salles de numéro impair à gauche, et celles des salles de numéro pair à droite. Le troisième jour, il a changé de côté toutes les serpillères placées dans des salles au numéro divisible par 3. De manière générale, le nième jour, Bobot change de côté les serpillères dans les salles dont le numéro est un multiple de n et les garde à leur place précédente pour les autres cas. Le cent-unième jour, il les remet toutes à gauche, peu importe leur position précédente. Et c’est reparti pour un nouveau cycle…

‒ Qu’est-ce qui a pu se passer dans la tête du technicien de surface pour programmer un algorithme pareil ? soupire Bêta.

‒ Tout le monde a le droit d’allier travail et plaisir ! rétorque Epsilon d’une manière qui reste mystérieuse pour son ami.

‒ Ok, réplique-t-il néanmoins après avoir consulté ses notes. Je connais notre emploi du temps de demain, donc la salle dans laquelle nous nous trouverons quand passera Bobot. Mais quel jour de son cycle allons-nous tomber ? »

Epsilon a un sourire espiègle : « Je te donne cette information si tu réponds à ma question : au bout de cent jours, dans quelles salles la serpillère sera-t-elle rangée dans le placard de gauche ? »

Cher lecteur, sauriez-vous répondre à la question d’Epsilon 

 

 

SOLUTION