Le flux et le reflux de la mer : une théorie dynamique


Bertrand Hauchecorne

Laplace s’est intéressé « au flux et au reflux de la mer » pour reprendre son expression. Après avoir analysé les approches de ses prédécesseurs, il comprend l’impact de la rotation de la Terre sur elle-même et étudie le phénomène des marées ; il ouvre la voie à un calcul précis de leurs horaires.

Le phénomène des marées a intrigué les Anciens dès que certains explorateurs ont quitté le bassin méditerranéen et se sont aventurés sur les rives de l’Atlantique. Le premier à avoir fait des observations à ce sujet est sans doute Pytheas le Massaliote. Aux alentours de 325 avant notre ère, cet astronome grec, originaire de Massalia (la Marseille actuelle), a entrepris un voyage de plusieurs mois jusqu’au nord des Îles britanniques, et probablement jusqu’en Islande, avec une visée scientifique. Cela lui a permis de remarquer l’existence de deux marées par jour lunaire et de constater des variations d’amplitudes selon les phases de la lune.

 


Les premières démarches scientifiques

 

Pendant près de deux mille ans, diverses explications fantaisistes seront proposées, comme celle des « tourbillons » de Descartes, mais, comme l’explique Laplace, dans son Traité de mécanique céleste : « Newton a donné, le premier, la vraie théorie du flux et du reflux de la mer, en la rattachant à son grand principe de la pesanteur universelle. » Citons encore le savant normand pour comprendre l’explication par Newton du phénomène des marées : « La théorie de Newton parut en 1687, dans son Ouvrage des principes mathématiques de la philosophie naturelle. […] L’explication véritable de ce phénomène est renfermée dans ... Lire la suite


références

De la prédiction des marées : entre calcul, observations et mécanisation (1831‒1876). Marie-José Durand-Richard, Cahiers François Viète II-8/9, 2016, disponible en ligne.
Les marées, phénomène complexe et fascinant. Bertrand Hauchecorne, Mathématiques et géographie, Bibliothèque Tangente 40, 2011.