Les premiers irrationnels


Élisabeth Busser et Denise Demaret-Pranville

La racine carrée de 2 et le nombre d’or sont des nombres algébriques relativement faciles à définir. Ils ont pourtant marqué l’histoire comme premiers nombres irrationnels connus avec, peut-être pour le second, un côté « divin ».

Les Babyloniens déjà, entre 1800 et 1600 avant notre ère, savaient calculer la longueur de la diagonale du carré connaissant son côté ; les mathématiciens indiens du VIe siècle avant notre ère aussi. Le vrai problème de la nature de ce rapport entre diagonale et côté, c’est-à-dire pour nous  s’est posé aux géomètres grecs : est-ce un rationnel, c’est-à-dire un quotient de deux entiers ?

 

√2, le rebelle !

Ce sont vraisemblablement les pythagoriciens, pour qui « tout est nombre », qui ont prouvé que le nombre en question était réfractaire à toute mise sous forme de fraction : ce nombre est bien irrationnel. 

On doit la révélation de cette découverte, 530 avant notre ère, au disciple de Pythagore Hippase de Métaponte qui « le premier fit sortir du mystère la considération de l’irrationnel », d’après le philosophe Proclus (412‒485).

Si on a pu, comme Aristote, démontrer par l’absurde que  n’est pas rationnel, les pythagoriciens ont, eux, privilégié pour ce faire les arguments géométriques, retranchant par exemple le côté du carré à sa diagonale. En effet, si la diagonale d’un carré de côté 29 était égale à 41, autrement dit si  était égal à  alors, les triangles colorés ayant même ... Lire la suite


références



Le fabuleux destin 
de √2. Benoît Rittaud, 
Le Pommier, 2015.


Les équations
 algébriques. 
 Bibliothèque 
Tangente 22, 2005.
• 

Dossier « La vérité 
sur le nombre d’or ». 
 Tangente 203, 2022.