Ce qui frappe d’abord lorsque l’on aborde les textes mathématiques des mondes sinophones anciens, c’est que l’on s’attend à ce qu’ils soient plus nombreux. Comment un univers aussi riche a-t-il pu laisser si peu de textes mathématiques ? La façon dont les documents nous parviennent est en fait signifiante et renseigne sur la nature de l’activité que nous nommons « mathématique » et son découpage disciplinaire. Se pose alors la question de la neutralité de la diffusion des connaissances. L’histoire de la Chine offre un bel argument sur ce point.
Textes anciens, éditions récentes
Les documents les plus anciens que nous possédons sont des textes issus de recherches archéologiques : pierre ou carapace de tortue gravées, ou encore baguettes de bambou marquées de tables de multiplication. Mais en ce qui concerne les documents en chinois ancien qu’on pourrait qualifier de « plus rédigés », nous avons à disposition une dizaine de textes dont le contenu date des Han (entre le IIIe siècle avant J.-C. et le IIIe siècle après J.-C.) mais dont les éditions les plus anciennes disponibles datent des Song (960-1279) ou des Yuan (1271-1368). Ce sont des textes composés sous les Han, parfois commentés, et qui ont été ensuite utilisés dans des contextes ... Lire la suite
