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Le fantôme de Cantorville

Kylie Ravera




L’Institut intergalactique est le temple de l’excellence, où exerce le redouté professeur Phi. Une pièce de théâtre apparemment paradoxale a l’heur de combler Phi…

«Il se passe un truc louche » marmonne Bêta.

En compagnie d’autres élèves de l’Institut intergalactique et de Phi, leur professeur de mathémagie, le jeune homme est installé aux premières loges pour assister à un spectacle de théâtre donné par la troupe Archimédien.

« Qu’est-ce qui t’arrive encore, Bêta ? lui demande son voisin Alpha.

– Regarde Phi, chuchote le garçon en pointant du menton leur enseignant. Il déteste nous accompagner à ce genre de sorties qui “nous détournent du droit chemin de la rigueur mathématique”. Et nous savons tous ce qu’il pense de la politique du Directeur, Monsieur Lambda, qui voudrait farcir nos cervelles d’autant de science que de culture. Mais tu vois les lèvres de Phi ? Ce rictus…

– Un sourire ?

– Voilà. Quand je te dis qu’il se passe un truc louche… »

Sa voisine Epsilon, qui a entendu leur conversation, ne peut s’empêcher de commenter : « D’après la brochure, Le Fantôme de Cantorville est un vaudeville classique avec son lot de maris trompés et de portes qui claquent. Pas vraiment le genre de Phi, effectivement… Mais nous en saurons peut-être plus sur ce qui le séduit dans cette pièce une fois que le rideau se sera levé. »

 

Une maison de poupée dépourvue de toit

 

Le gendarme frappe les trois coups fatidiques et la scène se dévoile ; elle est composée de quatre salles de formes identiques accolées les unes aux autres de façon à former un carré.

 

 

Les spectateurs sont assis sur des gradins surélevés et peuvent regarder la pièce comme si elle se déroulait dans une maison de poupée dépourvue de toit. L’histoire, rocambolesque à souhait, concerne une famille fuyant une tempête de neige et qui trouve refuge dans un manoir abandonné. L’amant de Madame est lui aussi du voyage et va jouer au chat et à la souris avec Monsieur en se faisant passer pour le fantôme officiel qui hante les lieux. Pas de quoi arracher un sourire à Phi, jusqu’à ce que le « fantôme » aux abois, sur le point d’être découvert, se dissimule dans le buffet. À ce moment, toutes les lumières s’éteignent brusquement dans la salle. « Vous pensez que ça fait partie du spectacle ? » demande Bêta, légèrement inquiet.

 

Lorsque les projecteurs s’allument de nouveau, la configuration de la scène a changé :

 

 

Un murmure d’étonnement parcourt les spectateurs, qui découvrent l’amant caché dans une pièce secrète centrale qui n’était pas là auparavant.

« Toutes les salles semblent avoir pivoté de la même façon pendant le noir, fait remarquer Alpha. Une porte dissimulée devait se trouver dans le fond du buffet. Et dans cette nouvelle configuration, le fantôme va pouvoir s’éclipser en passant par la chambre jaune. »

Il fronce les sourcils. « Mais comment cette salle supplémentaire a-t-elle pu apparaître ? Alors qu’aucune des zones n’a diminué de surface et que la scène ne semble pas avoir bougé… C’est impossible !

– Et moi, commente Epsilon à mi-voix, je crois que je commence à comprendre pourquoi le professeur Phi apprécie ce spectacle ! »

Et vous, cher lecteur, sauriez-vous expliquer l’apparition de cette pièce mystérieuse sur la scène, sachant que les quatre surfaces colorées sont bien restées identiques ? Avec les valeurs numériques indiquées sur la première illustration, sauriez-vous trouver les dimensions de cette pièce ?

 

 

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