Une incompréhension face aux chiffres indiens


Antoine Houlou-Garcia

Les chiffres indiens transitent dès le VIIIe siècle dans les pays d’Islam (voir Tangente hors-série 93) puis arrivent naturellement en Espagne. Seul problème : dans l'Occident médiéval, le zéro est systématiquement oublié ! Cette erreur de compréhension du système positionnel décimal entraînera un bon siècle et demi de retard…

Fondé en 923 sur (et dans) la roche, le monastère de San Martín de Albelda, dans le nord de l’Espagne actuelle, devient rapidement un centre culturel et scientifique. Entre 974 et 976, y est rédigé en latin le Codex Vigilanus, du nom de son principal auteur Vigila. On y trouve notamment écrit ceci : « Il faut savoir que les Indiens ont un génie très subtil et que tous les peuples leur sont inférieurs tant en arithmétique et en géométrie que dans l’ensemble des disciplines libérales ; et cela est éclatant dans les neuf figures par lesquelles ils désignent chacun des nombres, de n’importe quelle grandeur, dont voici la forme : 9 8 7 6 5 4 3 2 1. » Lors de la première importation des chiffres indiens en Occident latin, le zéro est donc oublié ! 

 

De Gerbert à Bernelin

Le jeune Gerbert d’Aurillac (vers 945-1003) fréquente le monastère de Ripoll vers 967-970. Il y rencontre alors probablement les chiffres indiens, au contact d’une personne dont on peut imaginer qu’elle a également été la source du Codex Vigilanus. Par la suite, on sait par l’un de ses élèves de Reims qu’il avait fabriqué une planche à calcul – un abaque – composé de 27 colonnes ... Lire la suite gratuitement

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